La cuisine bretonne, autrefois simple et paysanne, se limitant aux légumes du jardin, au blé noir, à l'avoine, au lait, et à quelques produits de la mer, ainsi qu'aux festins mettant à l'honneur le cochon, commence à gagner en prestige et en popularité, comme le souligne Jacques Thorel. Selon lui, c'est véritablement avec l'avènement des congés payés que ce mouvement a pris son envol. Bien que certaines maisons aient déjà été étoilées dès 1931, année de la première publication du guide Michelin, c'est dans les années de l'après-guerre que la gastronomie bretonne a véritablement décollé.
Plongé dans sa collection complète des guides Michelin, Jacques Thorel explique : "Avec l'introduction des congés payés, les Parisiens se dirigent vers la Bretagne pour leurs vacances et expriment un intérêt croissant pour les produits de la mer." Les années 30 étaient marquées par l'essor des grandes maisons, des brasseries et des hôtels-restaurants, tels que l'Hôtel de L'Epée à Quimper, doublement étoilé en 1931, et l'Hôtel Moderne avec son restaurant Gaze à Rennes, qui proposait des poussins de Janzé. "À cette époque, la quantité primait, c'était l'ère des banquets, avec une moyenne d'environ une centaine de couverts", précise-t-il.
Certaines maisons étaient plus modestes en termes de couverts, mais toutes jouissaient d'une notoriété équivalente dans l'assiette. C'est le cas du restaurant de la célèbre Mélanie Rouat, qui a obtenu une deuxième étoile à Riec-sur-Belon en 1934, récompensant ses "palourdes farcies grillées et son homard à la crème", comme le souligne Jacques Thorel. Mélanie Rouat, amie des peintres et des artistes, avait pour habitués des personnalités telles que Colette, Jean Cocteau, Marlène Dietrich, Raimu et Fernandel.